OGM - Face à une légalisation très probable, appel à un moratoireMême si les OGM demeurent sur des petites surfaces en France, leur progression est sensible en passant d’environ 5 000 ha, en 2006, à 30 000 ha de maïs transgénique en 2007.
Cette évolution n’est pas incontournable, contrairement à ce que certains auraient tendance à laisser croire. En effet, les OGM ne sont officiellement cultivés que dans 22 pays, et des moratoires nationaux partiels ou complets sont en vigueur ailleurs (Pologne, Autriche…). La France a donc la possibilité d’adopter un moratoire sur les cultures transgéniques et de se déclarer « zone sans OGM », à l’image de la décision votée à l’unanimité dans le département des Hautes-Alpes, en juillet 2006. Néanmoins, il semble que le ministère de l’agriculture en est décidé autrement, un décret autorisant la culture d’OGM en plein champ serait sur le point d’être publié.
Une telle publication ne ferait pas qu’officialiser la position du gouvernement, elle constituerait une incitation supplémentaire pour certains d’agriculteurs de passer aux diverses variétés de maïs transgéniques MON 810, autorisées en France. Or, ce maïs n’a pas été évalué sur ses effets cumulés à long terme sur la santé et l’environnement, contrairement à la législation européenne. De plus, comme l’a démontré cet été une expérimentation en plein champ, à proximité d'une culture d’OGM, la contamination des variétés de maïs non-transgénique est certaine (1). Il en va également de même pour le pollen de maïs récolté par les abeilles. En outre, avec les années, la situation devient intolérable pour les agriculteurs conventionnels. En Espagne, dans une région où du maïs transgénique est cultivé depuis 1998, les taux de contamination des cultures traditionnelles atteignent des records (jusqu’à 34 %)...
Laisser les OGM se développer, c’est condamner à moyen terme l’agriculture biologique et, à plus ou moins long terme, son homologue conventionnelle. Aujourd’hui, la question n’est donc pas de savoir si l’on souhaite autoriser ou non les OGM, mais plutôt de définir le type d’agriculture que l’on désire pour l’avenir.
Souhaite-t-on laisser le contrôle de la ressource alimentaire, via la semence, à une poignée de multinationales qui serait ainsi en mesure de dicter sa volonté aux agriculteurs et aux Etats, ou, au contraire, préfére-t-on conserver une agriculture relativement diversifiée, indépendante et détentrice d’un savoir (pratiques agricoles, semences anciennes) qui pourrait s’avérer très utile face à un durcissement des conditions climatiques.
Face à ces enjeux, l'appel à la signature d'un moratoire sur les OGM, lancé par plusieurs association fin février, relève de l'assistance à agriculture en danger !
Alex Belvoit
1- Menée sous contrôle d'huissier, une expérimentation s'est déroulée dans le Lot-et-Garonne cet été, sur 3 parcelles de maïs non OGM, semées à 15, 95 et 305m d'un champ de maïs transgénique. L'analyse d'une centaine d'épis prélevés sur chacune des parcelles de maïs conventionnel, ainsi que des échantillons de pollen provenant de plusieurs ruches 'références', a mis en avant la présence certifiée d'OGM, quelque soit la distance.
http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2556
APPEL D’ORLÉANS
UN MORATOIRE POUR UN PRINTEMPS SANS OGMhttp://www.moratoireogm.fr/spip.php?article1 Considérant : Qu’il n’y a pas aujourd’hui de cadre légal résultant d’un véritable débat public sur la question des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) et de la responsabilité de ceux qui les disséminent,
Que la volonté de quelques opérateurs économiques d’imposer en 2007 la culture de plusieurs dizaines de milliers d’hectares de maïs transgénique s’oppose frontalement à la volonté de plus de 80 % des français qui ne veulent d’OGM ni dans les champs ni dans les assiettes,
Que le seul maïs OGM actuellement cultivable en France, le MON 810, n’a jamais été évalué conformément au cadre européen imposé par la directive 2001/18 qui exige notamment une évaluation des effets cumulés à long terme sur la santé et l’environnement, et de plus que les conséquences de la culture de maïs OGM sur la situation écologique et agricole spécifique à chaque région française n’ont pas non plus été évaluées,
Que les préjudices qui en résulteraient pour les systèmes agraires traditionnels remettraient en cause leur pérennité,
Que de nombreuses publications scientifiques montrent que la généralisation des cultures de maïs transgéniques entraîne obligatoirement la disparition de la liberté d’élever des abeilles sans risque de contamination et de cultiver sans OGM des maïs conventionnel, doux et biologique, tout particulièrement celle des petits paysans cultivant de petites parcelles,
Que l’intérêt majeur des PGM (Plantes Génétiquement Modifiées) est le brevet qui permet à quelques entreprises semencières d’interdire aux paysans de sélectionner leurs propres semences à partir de leur récolte et de leur imposer l’achat des pesticides liés à la culture des variétés qu’elles vendent,
Que l’intérêt économique de l’agriculture française réside avant tout dans sa capacité à répondre à la demande des consommateurs qui veulent des produits sans OGM, et qu’elle se ruinerait en prenant le moindre risque de perdre leur confiance,
Conformément au souhait de la majorité des français,
Conformément au moratoire déjà pris par le gouvernement français pour interdire les cultures de colza transgénique sur le territoire national,
Conformément aux votes de la France et de la majorité qualifiée des États européens reconnaissant le bien fondé des moratoires autrichiens et hongrois,
Conformément au principe de précaution inscrit dans la Constitution au travers de la Charte de l’Environnement,
Les délégués participant aux premières rencontres des États Généraux du Moratoire [1] réunis à Orléans les 26 et 27 février 2007 :
* exigent que le gouvernement adopte immédiatement un moratoire sur les cultures GM comme le lui permet la clause de sauvegarde prévue à l’article 23 de la directive 2001/18,
* demandent aux élus locaux et régionaux d’exiger ce moratoire, vu l’interdiction qui leur est faite de prendre les mesures locales nécessaires à l’interdiction de ces cultures,
* demandent aux parlementaires de faire les démarches nécessaires auprès du gouvernement pour qu’il notifie cette décision de moratoire à la Commission européenne,
* demandent au gouvernement d’exiger l’application du moratoire aux niveaux européen et international
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